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La double activité [salarié et entrepreneur]

J’ai toujours eu envie d’être « ma propre patronne »

Pour moi, l’incarnation de THE BIG BOSS : Meryl Streep dans le Diable s’habille en Prada

Quand j’avais 16, 17 ans, je cherchais par tout les moyens comment gagner de l’argent. Oui, c’était une motivation importante à l’époque, n’ayant pas baigné dans un environnement « aisé » j’ai eu pas mal de manque de ce côté…

Quand j’ai rencontré mon homme, je n’avais pas de bagages, j’avais laché la fac sans réel diplôme alors je me suis levée un matin en lui disant « hé ! on a qu’à acheter un camion et faire food truck sur le parking de la fac » Et il m’a suivi. On a eu un camion d’ailleurs (mais genre, un vieux jumpy, il aurait fallu tout aménager) On a fait une enquête de marché, auprès de la concurrence aussi, on a distribué des centaines de questionnaires. Je ne me souviens pas de ce qu’on a fait des 1000 exemplaires imprimés… Et puis bon, la vie quoi, quand tu n’as pas de sous, tu ne trouves pas forcément les moyens à mettre en place pour en gagner. L’investissement, le nerf de la guerre.

J’ai grandi, les années ont passé, ma vie a changé. J’ai atteint une stabilité financière dans le monde du salariat en 2017. J’étais affiliée à la CPAM (régime général de la sécurité sociale) c’est là que mon projet avec FAIRY a commencé à germer. J’avais déjà la matière première, la machine, et avec l’achat de la maison, j’avais un atelier. Je vendais par l’intermédiaire des plateformes depuis 2015 grâce à la tolérance de ces sites pour les vendeurs particuliers. J’étais déjà devenue une marque connue et fiable.

Alors j’ai sauté le pas du double statut. J’ai créé FAIRYDESFOLIES en MICRO ENTREPRISE et j’ai gardé mon emploi de téléconseillère au sein d’une mutuelle. J’ai gardé mon affiliation au régime général de la sécurité sociale (CPAM). Ce double statut a permis de m’engager dans FAIRY sans risques puisque j’avais au moins un salaire tous les mois (un SMIC)

Par contre, niveau organisation, c’était parfois un peu compliqué. Je voulais développer FAIRY et FAIRY marchait bien, du coup je me suis retrouvée à travailler dans l’atelier tous les week ends, et tous les jours de RTT, et aussi le matin très tôt (parfois à partir de 3h) et le soir très tard (parfois jusqu’à 23h) Quand je rentrais à 18h30 du travail, j’enchaînais avec FAIRY, et je n’arrêtais que pour aller dormir. J’ai sauté bons nombres de repas, et d’histoires du soir. Bien sur je savais ce que je voulais, je voulais réussir, je voulais dynamiser mon entreprise. Alors j’ai rien lâché, et je suis passée à côté de beaucoup de chose.

Et puis il est devenu vital pour moi de repenser mon salariat. J’avais envie de plus, j’avais envie de dynamisme, de renouveau, j’avais envie de projets. Et l’entreprise pour qui je travaillais n’a pas été à la hauteur de mes ambitions. Alors, dans un élan de bonne volonté, j’ai décidé de réduire le côté salarié en demandant un 80%. Et je l’ai obtenu. Après 2 ans dans l’entreprise, après 1 an avec FAIRY, j’ai pu obtenir un aménagement de mon temps de travail, et ainsi tous mes jeudis j’ai pu les passer pour mon entreprise à moi.

Juillet, août, septembre, octobre. 4 mois à profiter de chaque jeudi pour vivre pleinement mon entreprise. J’ai fait le choix du jeudi pour dynamiser ma semaine, ainsi le vendredi je savais que je touchais le week end du bout des doigts. Et j’y retournais pour 3 jours la semaine suivante. J’ai pu formuler de nouveaux projets, et mettre sur le papier des envies impérieuses. J’avais de nouveau une motivation à toute épreuve et l’envie de faire encore plus. Mais côté organisation, même avec le JEUDI-FAIRY, je continuais de sacrifier mes week ends et mes nuits à mon entreprise.

Au bureau, je commençais à me lasser. J’étais toujours et exactement au même point que quand je suis arrivée il y a 2 ans et demi. Je n’avais obtenu aucun des postes plébiscités, ni vu la réalisation des idées que j’avais soumises. Rien de ce qui me faisait envie n’avait été mis en place et je m’ennuyais fermement. Je m’occupais l’esprit en pensant à FAIRY, en cherchant de nouvelles idées, en développant des nouveaux concepts. Et puis j’ai craqué. J’ai eu besoin de choisir très vite de lâcher cette pseudo sécurité pour vivre ma vie de créatrice. Et je l’ai fait.

Je me suis sentie libérée tout de suite en verbalisant mon choix de démissionner. Et je me suis sentie pleinement vivante quand j’ai reçu mon solde de tout compte. Bien sur avec une appréhension financière, mais les calculs ont été faits et refaits pour définir un seuil minimum. J’avais mis un peu de coté les mois très bons, et puis le fait de stopper toutes les gardes d’enfants soulagent aussi le budget familial. Nous faisons le choix de garder la cantine 4 jours par semaine, en sachant qu’on pourra aussi supprimer ce poste financier au besoin.

Mon agenda est toujours aussi rempli mais j’ai retrouvé le sommeil

Tasse création unique par Mili.D

Le mercredi est une journée compliquée, du coup je ne suis pas dans l’atelier mais sur l’ordi pour les devis et je fais de la pâtisserie, on revoit les devoirs… Les week end c’est un peu ça aussi…

Je sais que les enfants aiment beaucoup ma présence, tant pour les devoirs que pour les gouters et l’école. Je ne sais pas encore où est ma place entre celle d’une femme au foyer et celle d’une entrepreneuse qui travaille à la maison. Je tâtonne encore. Et j’avoue que c’est quelque chose que je n’avais pas envisagé : que ça chamboule la répartition des tâches à la maison.

Carpe Diem, si ça ne marche pas on fera autrement.